En octobre, je dois rencontrer Bob Dylan. Lui sera sur scène et moi dans la salle de concert mais, et ce serait la cerise sur le gâteau, l’organisateur n’exclut pas une conférence de presse à laquelle je serais invité. J’ai tellement de choses à lui partager.
Entre autres…
…que dans ma candeur de jeune militant pacifiste, je pensais qu’il était notre chef de file au cœur des événements des années 1960. Quelle erreur !
« Je n’étais le porte-parole de rien ni de personne, j’étais seulement un musicien. Sans aucun doute, mes textes avaient touché des sensibilités qu’on n’avait pas encore touchées. Tant que mes certitudes restaient intactes, je ne devais rien à personne, écrit-il dans Chroniques, son autobiographie parue chez Folio. Légende, icône, énigme, ce genre de choses, ça va. Sereines inoffensives, usées, ces dénominations-là sont plus faciles à contourner. Prophète, messie, sauveur… ça, c’est dur. Je me sentais vraiment isolé, sans personne d’autre que moi et ma petite famille qui grandissait, face à un monde livré à de fabuleux sorciers. Je refusais d’être un symbole, un emblème ou un porte-parole. Révolté, pas engagé en somme ! »
Et puis, dans les années quatre-vingt, la superstar, après de multiples introspections, déclara : « Je marche depuis trop longtemps à l’instinct et à l’intuition et – problème – ces deux gentes dames se muent en vautours et me sucent la moelle. Puis, brusquement, un soir en Suisse lors d’un concert, tout s’est disloqué et je me suis envolé, le phénomène inattendu s’est produit devant tout le monde. C’était une métamorphose. S’il m’avait manqué un dessein, eh bien, je l’avais. J’étais devenu un autre interprète, j’avais l’idée de redémarrer, de me mettre au service du public. »
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